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Expériences numériques
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SÉRIE : "Les implications écologiques du divertissement numérique ou les coûts cachés de l'Innovation"

2.4 L’empreinte invisible des jeux vidéos: les émissions annuelles du studio Space Ape et de ses joueurs

Nécessitant peu de déplacements lors de la production et de la diffusion, ni aucune production de décors comme au cinéma, où peuvent bien se situer les impacts environnementaux des jeux vidéos? Si les externalités environnementales des œuvres numériques paraissent intangibles, celles des jeux vidéo le sont d’autant plus. En effet, la majorité de l’empreinte carbone des jeux vidéo n’est pas directement liée aux activités de cette industrie, mais plutôt à ses effets indirects. Cette empreinte prend en compte les émissions de GES liées à la fabrication des équipements utilisés par les équipes de développement, ceux des utilisateurs ainsi que l’électricité consommée sur la phase de production et d’utilisation des jeux.


Contrairement aux deux cas précédents qui rapportaient les émissions liées à une production (court métrage et œuvre d’art numérique), le troisième cas retenu fait état des émissions de GES du studio londonien de jeux mobiles Space Ape sur une année entière. Plus de la moitié des 784.4 tonnes CO2 éq. émises est due à la consommation énergétique des serveurs sur lesquels les jeux mobiles sont opérés. À ce bilan annuel imposant s'ajoutent les 180 tonnes de CO2 éq. liées à la consommation d’électricité des appareils mobiles des joueurs. Il est essentiel d’inclure cette dernière dimension dans le périmètre d’analyse puisque les dernières générations de jeux sont reconnues pour leur demande en énergie élevée sur la phase de jeu, notamment pour générer dynamiquement des environnements immersifs, rendre des contenus audiovisuels réalistes, assurer l’interaction continue entre plusieurs participants en réseau.


Bilan carbone annuel du studio Space Ape - reproduit à partir de «Going Green», Space Ape, (2018).
Going Green de Space Ape
Considérant leur empreinte actuelle et leurs ambitions de croissance, le studio Space Ape a choisi de devenir carbo négatif et de compenser 200% de leurs émissions tout en entamant une démarche de réduction de leurs émissions. Les actions du studio Space Ape sont une manifestation d’un mouvement plus grand à l’échelle de l’industrie du jeu vidéo au Royaume-Uni et dans le monde. Afin d’initier l’adoption de pratiques écoresponsables, les associations Playing for the Planet, Ukie et Games London se sont unies pour publier un Green Game Guide à l’avis des créateurs de jeux vidéo. Dans ce guide, Sony interactive entertainment partage les résultats d’une étude de cas sur les façons écoresponsables de jouer. L’entreprise identifie deux facteurs déterminant de l’empreinte carbone sur la phase de jeu : la taille et le temps de jeu. L’identification de ces deux facteurs inaugure un paradigme pour la création de jeux vidéo défiant les standards actuels et les mécanismes de rétention de l'attention: pourrions-nous tendre vers des jeux plus légers et qui incitent à des temps de jeux modérés?

Aller plus loin: de l’écoresponsabilité à l’adaptation

Dans ce deuxième article, nous nous sommes demandé : qu’est-ce qui pollue et qu’est-ce que les créateurs numériques font ou peuvent faire pour limiter leur bilan carbone? Ainsi, nous avons étendu la responsabilité environnementale des créateurs numériques de la production jusqu'à la diffusion et du projet à l’ensemble des activités de l’organisation. Bien que nous ayons dégagé un ensemble de pratiques et d’initiatives, à l’instar de la majorité des industries contemporaines, l’industrie audiovisuelle et de la créativité numérique est construite sur l’imaginaire d’une planète aux ressources infinies. Un imaginaire qui s’effrite progressivement à chaque manifestation de l’accélération des changements climatiques et de l’effondrement de la biodiversité. De ce fait, un ensemble de pratiques héritées est à remettre en question pour faire face aux nouvelles réalités climatiques et à la disponibilité réelles des ressources abiotiques et énergétiques. Adopter de meilleures pratiques dès aujourd’hui, c’est aussi se préparer à des mondes où les ressources seront de plus en plus contraintes.

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