SÉRIE : "Les implications écologiques du divertissement numérique ou les coûts cachés de l'Innovation"
Par La Société des demains
2024-01-22
Par La Société des demains
2024-01-22
Nécessitant peu de déplacements lors de la production et de la diffusion, ni aucune production de décors comme au cinéma, où peuvent bien se situer les impacts environnementaux des jeux vidéos? Si les externalités environnementales des œuvres numériques paraissent intangibles, celles des jeux vidéo le sont d’autant plus. En effet, la majorité de l’empreinte carbone des jeux vidéo n’est pas directement liée aux activités de cette industrie, mais plutôt à ses effets indirects. Cette empreinte prend en compte les émissions de GES liées à la fabrication des équipements utilisés par les équipes de développement, ceux des utilisateurs ainsi que l’électricité consommée sur la phase de production et d’utilisation des jeux.
Contrairement aux deux cas précédents qui rapportaient les émissions liées à une production (court métrage et œuvre d’art numérique), le troisième cas retenu fait état des émissions de GES du studio londonien de jeux mobiles Space Ape sur une année entière. Plus de la moitié des 784.4 tonnes CO2 éq. émises est due à la consommation énergétique des serveurs sur lesquels les jeux mobiles sont opérés. À ce bilan annuel imposant s'ajoutent les 180 tonnes de CO2 éq. liées à la consommation d’électricité des appareils mobiles des joueurs. Il est essentiel d’inclure cette dernière dimension dans le périmètre d’analyse puisque les dernières générations de jeux sont reconnues pour leur demande en énergie élevée sur la phase de jeu, notamment pour générer dynamiquement des environnements immersifs, rendre des contenus audiovisuels réalistes, assurer l’interaction continue entre plusieurs participants en réseau.
Dans ce deuxième article, nous nous sommes demandé : qu’est-ce qui pollue et qu’est-ce que les créateurs numériques font ou peuvent faire pour limiter leur bilan carbone? Ainsi, nous avons étendu la responsabilité environnementale des créateurs numériques de la production jusqu'à la diffusion et du projet à l’ensemble des activités de l’organisation. Bien que nous ayons dégagé un ensemble de pratiques et d’initiatives, à l’instar de la majorité des industries contemporaines, l’industrie audiovisuelle et de la créativité numérique est construite sur l’imaginaire d’une planète aux ressources infinies. Un imaginaire qui s’effrite progressivement à chaque manifestation de l’accélération des changements climatiques et de l’effondrement de la biodiversité. De ce fait, un ensemble de pratiques héritées est à remettre en question pour faire face aux nouvelles réalités climatiques et à la disponibilité réelles des ressources abiotiques et énergétiques. Adopter de meilleures pratiques dès aujourd’hui, c’est aussi se préparer à des mondes où les ressources seront de plus en plus contraintes.