SÉRIE : "Les implications écologiques du divertissement numérique ou les coûts cachés de l'Innovation"
Par La Société des demains
2024-01-22
Par La Société des demains
2024-01-22
Projection vidéo immersive, expérience individuelle ou collective en réalité virtuelle, tableau numérique, parcours de réalité augmentée, les œuvres d’art numérique viennent en une diversité de formats et nécessitent des équipements particuliers tant dans la production que dans la diffusion. L’étude des externalités environnementales d’une œuvre d’art numérique est donc toujours spécifique et la comparaison difficile. Le bilan de l'empreinte carbone de l'œuvre Earth Speaker de l’artiste Olafur Eliasson réalisé grâce à l’accompagnement de l’organisme Julie’s Bicycle permet de tirer quelques conclusions sur les départements les plus émetteurs et les pratiques écoresponsables à mettre en place.
L'œuvre Earth Speaker consiste en une application de réalité augmentée et un site web interactif. En utilisant une application de réalité augmentée, des enfants à travers le monde ont formulé des souhaits pour la planète. Les milliers de messages collectés sont désormais archivés en ligne sur une représentation de la Terre. L'œuvre est le fruit d’une cocréation avec des centaines d’enfants rencontrés lors d’une tournée d’ateliers à travers l’Europe.
L’oeuvre a aussi été diffusée sous forme d’installation vidéo à Berlin et à Bruxelles
Le calcul de l’empreinte carbone prend en compte les émissions liées aux activités numériques et physiques durant la phase de développement de l’œuvre et pendant ses six premiers mois de mise en ligne et d’activités de diffusion. Les 29.1 tonnes de CO2 éq. émises se répartissent ainsi: 41% sont dues aux transports, 31% au site web et l’application mobile, 23% aux équipements utilisés lors de l’exposition et des activités de cocréation (les écrans, leurs supports et les téléphones intelligents prêtés aux enfants), 4% au fret, 2% les stations de travail du studios et 1% aux visioconférences.
Le volet numérique de l'œuvre – le site web et l’application ainsi que l’équipement – aura été responsable de plus de la moitié des GES et ce malgré l’utilisation d’équipement seconde main et d’efforts considérables pour améliorer l’efficacité énergétique du site web. Même si l’empreinte carbone des composantes numériques d’une œuvre est de prime abord moins tangible, elle est bien réelle. Elle peut même se comparer à celle d’une œuvre physique. À titre d’exemple, la présentation de l’œuvre Waterfall du même artiste au Tate Modern aurait émis 30 tonnes de CO2 éq. Ces bilans similaires invitent à remettre en question les bénéfices environnementaux attendus par l’adoption de certaines technologies : ces bénéfices peuvent être bien réels à condition seulement que la consommation énergétique sur la phase d’utilisation du projet et de l’empreinte matérielle de l'équipement soit contrôlée.